Archives des publications


Mardi 27 Août 2019

Les Landais en Alsace pour les 80 ans de l’Évacuation

Dimanche à Huningue, Alsaciens et Landais ont célébré, comme ils le font tous les cinq ans dans l’une des deux régions, une histoire commune partagée entre la déclaration de guerre en 1939 et la défaite cuisante face à l’Allemagne nazie en 1940.

C’était il y a 80 ans, presque jour pour jour. Le 1er septembre 1939, jour de la mobilisation générale, plus de 300 000 Alsaciens — dont 49 000 Haut-Rhinois — sont évacués vers le Sud-Ouest. Les locomotives les acheminent vers les départements du Gers, des Landes et du Lot-et-Garonne. Au terme de plusieurs jours, les évacués découvrent leur région d’accueil.

Une fois la répartition dans les communes effectuée, les premiers contacts se révèlent souvent difficiles, du fait du dialecte alsacien que les accueillants assimilent à la langue allemande. Pour les Alsaciens, le patois landais n’est pas des plus compréhensibles non plus. Rapidement, l’ouverture d’esprit, la solidarité et le partage remplacent le choc des cultures, le désarroi des évacués, la crainte de l’autre, voire la suspicion.

De l’Atlantique au Rhin

Huit décennies plus tard, le feu sacré de l’amitié entre Landais et Alsaciens a eu raison de la distance d’un bon millier de kilomètres et du poids des années.

Depuis quelques jours, ce ne sont pas moins de 650 Landais qui résident dans une quarantaine de communes sundgauviennes jumelées avec autant de localités landaises, depuis la fin des années soixante-dix pour les premières. Ces pionnières ont anticipé un jumelage plus large avec la création des Amis du Haut-Rhin pour le Sud-Ouest et des Amis des Landes pour la Haute-Alsace, par Gilbert Ibarrart et Alphonse Husser. La flamme du souvenir a été reprise depuis par Jean-Yves Montus, alors maire de Soustons, et Bertrand Brunner (Sondersdorf), lequel a succédé à Bernard Legendre (Fislis), qui a présidé aux destinées de l’association pendant dix-sept ans.

Migration forcée

À l’issue d’un moment de recueillement lors de l’office œcuménique célébré par le curé Mathieu Hammel, le pasteur Philippe Gutbub et le père Lucien Heitz, cette belle amitié née d’une migration forcée a été saluée au micro par Jean-Marc Deichtmann, maire de Huningue, puis par Wolfgang Dietz, son homologue de la commune jumelée de Weil am Rhein.

Bertrand Pfaff, président du mémorial Maginot d’Uffheim, a présenté quant à lui le contexte particulier de l’exode en terre landaise, non sans faire allusion aux migrants d’aujourd’hui. Le mot de la fin est revenu aux parlementaires Jean-Luc Reitzer et Monique Lubin, s’exprimant au nom de leur collègue Catherine Troendlé, présente à Huningue elles aussi.

Quant à la partie conviviale, 1423 Alsaciens et Landais, chemises blanches et foulards rouges, ont partagé des agapes au palais Beaubourg, à Blotzheim. Au final, une journée mémorable pour tous, avant celle promise en 2024 dans les Landes.

Article publié par L'Alsace le 27 août 2019.