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Dimanche 12 Mai 2019

L’appel de 130 parlementaires contre les attaques véganes

Dans une tribune au Parisien-Aujourd’hui en France, 130 députés et sénateurs dénoncent les actes violents de militants antispécistes envers des professionnels de la viande.
« Phénomène apparu au printemps dernier dans le nord du pays, une vague de violences à l’encontre des boucheries s’est désormais généralisée… Des militants véganes frappent régulièrement partout en France, signant leurs exactions du slogan NON AU SPÉCISME.

Interpellé, lors d’une séance de questions au gouvernement, par un député ayant rendu publique une lettre de menace adressée aux propriétaires et salariés de l’abattoir Gesler récemment incendié, le Premier ministre a promis la plus grande sévérité face à ces actes criminels.

La légèreté insoutenable avec laquelle des activistes assument l’indéfendable et l’indigne fonde certains à évoquer un terrorisme alimentaire, et pose, au-delà, la question de la liberté alimentaire et la question des risques de dérive du combat animaliste en France est posée.

S’agissant de la liberté de choisir son alimentation, d’adopter un régime carné ou non, nous, signataires, affirmons que cela relève d’une liberté fondamentale et d’un choix individuel.

La façon de s’alimenter, sa fonction sociale qui va bien au-delà de la fonction nourricière, relève de l’intime, à la croisée des sphères privées et publiques et ne saurait faire l’objet d’ingérence et d’injonctions. Que certains stigmatisent les végétariens, les végétaliens, les véganes sous prétexte de défendre un modèle culturel, ou que d’autres, à l’inverse, stigmatisent les amateurs de viandes, les adeptes de régimes à base de protéines animales, et au-delà les filières d’élevage ainsi que les professionnels qui les composent, nous semble remettre en cause les règles les plus élémentaires de vivre ensemble et le fonctionnement même de la démocratie. À ce titre, nous manifestons notre soutien à l’ensemble des acteurs de la filière viande qui ont fait l’objet d’un déchaînement de violences et de harcèlements ces dernières semaines.

Ceci rappelé, nous sommes conscients que des choix collectifs se poseront rapidement à nos sociétés, face à une problématique globale, planétaire et écologique, mettant en rapport démographie et écologie, nous obligeant à nous adapter, à anticiper et à repenser la nourriture de demain pour éviter une empreinte écologique négative et lutter contre le réchauffement climatique.

Nous soulignons aussi la nécessité absolue de défendre une exigence forte de bien-être animal, comme dénominateur majeur commun à toute activité d’élevage, d’exploitation et d’utilisation de l’animal par l’homme. Par ailleurs, la question des risques de dérive du combat animaliste en France est posée. Avec la dérive criminelle de l’activisme, l’image des militants de la protection animale est entachée, et pire, la cause animale est perdante.

Nous, signataires de cette tribune, lançons un appel solennel pour que le combat en faveur de la cause animale en France reste un combat noble, qu’il ne soit ni méprisé par certains ni sacrifié idéologiquement par d’autres, ou tout simplement disqualifié par une criminalisation de ses modes opératoires ! »

La liste des signataires
Les députés : Loïc Dombreval, Xavier Breton, Damien Abad, Emilie Guerel, Frédéric Descrozaille, Eric Straumann, Paul Molac, Meyer Habib, Patricia Gallerneau, Gilles Lurton, Alice Thourot, Anne-Laurence Petel, Sarah El Haïry, Mireille Robert, Laurent Garcia, Patrick Vignal, Cédric Villani, Jacques Marilossian, Robin Reda, Bruno Bilde, Olivier Gaillard, Pascal Brindeau, Alain Perea, Philippe Gosselin, Corinne Vignon, François-M. Lambert, Danièle Hérin, Sophie Mette, Vincent Thiébaut, Michèle de Vaucouleurs, Aurore Bergé, Bérengère Poletti, Fabien Gouttefarde, Jean-Marc Zulesi, Pascale Boyer, Sereine Mauborgne, Laëtitia Romeiro Dias, Yannick Kerlogot, Stéphanie Kerbarh, Stéphane Buchou, Jean-Luc Fugit, Cendra Motin, Jimmy Pahun, Thibault Bazin, Patrick Hetzel, Alexandra Valetta-Ardisson, Anissa Khedher, Rémi Delatte, Michèle Peyron, Hélène Zannier, Béatrice Piron, Matthieu Orphelin, Sira Sylla, Philippe Chassaing, Laurence Maillart-Méhaignerie, Valérie Lacroute, Julien Aubert, Véronique Louwagie, Laurianne Rossi, Bernard Brochand, Sandrine Le Feur, Martine Leguille-Balloy, Jennifer de Temmerman, Lionel Causse, Fabienne Colboc, Isabelle Valentin, Sophie Auconie, Marie-France Lorho, Frédérique Lardet, Frédérique Tuffnell, Brigitte Liso, Marie Tamarelle-Verhaeghe, Paul Christophe, Yannick Haury, Catherine Osson, Jean-Michel Jacques, Valérie Petit, Denis Masséglia, Sandra Marsaud, Pascal Lavergne, Nicole Le Peih, Laurent Furst, Nicole Dubré Chirat, Carole Bureau-Bonnard, J.-Christophe Lagarde, Jean-Luc Lagleize, Michel Lauzzana, Claude Goasguen, Michel Herbillon, Béatrice Descamps, Christophe Arend.

Les sénateurs : Arnaud Bazin, Jacqueline Eustache-Brinio, Olivier Paccaud, Olivier Léonhardt, Michel Canevet, Max Brisson, Stéphane Piednoir, Nathalie Delattre, Jean-Marie Janssens, Pierre Louault, Frédérique Puissat, Nadia Sollogoub, Catherine Deroche, Céline Boulay-Esperonnier, Alain Houpert, Daniel Chasseing, Antoine Lefèvre, Catherine Troendle, René Danesi, Pierre Charon, Pascale Gruny, Florence Lassarade, Laure Darcos, Jean-Marc Gabouty, Jean-Claude Requier, Sylvie Goy-Chavent, Maryse Carrere, Edouard Courtial, Annick Billon, Benoît Huré, Jean-François Longeot, Eric Gold, Josiane Costes.


Article publié par le Parisien le 12 mai 2019.


Dimanche 5 Mai 2019

« La ville a pris le pouvoir en France »

Pas de gilets jaunes, hier, sur le rond-point de Weckolsheim, mais une multitude d’écharpes tricolores rassemblées pour soutenir les parents d’élèves de Neuf-Brisach, Weckolsheim, Geiswasser et Nambsheim en lutte contre les fermetures de classes annoncées pour la rentrée.

Face aux fermetures des classes annoncées pour la rentrée prochaine dans le secteur de Neuf-Brisach (notre édition du 2 mai), les campagnes se rebiffent. À la manière des gilets jaunes, les braseros en moins, élus et parents d’élèves ont donné de la voix hier matin sur le rond-point de Weckolsheim pour « éveiller les consciences de l’inspection académique et de l’Éducation nationale », espérait dans son discours Céline Meyer, représentante des parents d’élèves.


« La casse de la ruralité »
Sur le rond-point, le nombre impressionnant d’écharpes tricolores (près d’une vingtaine) qui se passaient le micro matérialise la colère des élus face à ce que Catherine Troendlé, sénatrice du Haut-Rhin, appelle « la casse de la ruralité ». Un transfert des moyens « des zones rurales vers les villes » que le député Éric Straumann observe partout car « malheureusement, aujourd’hui en France, la ville a pris le pouvoir et les zones rurales sont oubliées ».

Inquiets de perdre leur école ou de la voir réduite à des classes à « quatre niveaux avec 30 élèves », comme à Geiswasser/Nambsheim, les élus locaux se demandaient hier, à l’image de Betty Muller, maire de Geiswasser, où était l’égalité des chances dans ces conditions.

Ceux qui, comme la maire de Weckolsheim, Arlette Bradat, garderont une école, craignent une explosion des coûts de transport : « L’inspection veut faire de Weckolsheim un site bilingue. Les monolingues iraient tous à Wolfgantzen. Mais je ne peux pas prendre en charge un transport des enfants monolingues à Wolfgantzen. Ce n’est pas possible financièrement, je paie déjà 20 000 € de transport pour le périscolaire dans le cadre de l’actuel RPI ».

La Région Grand Est a bien voté cette année « la prise en charge du transport en primaire », explique Claudine Ganter, conseillère régionale, mais la mesure est toute fraîche et n’a pas encore produit ses effets.

Une forte délégation d’élus régionaux (Claudine Ganter, Martine Laemlin, Françoise Boog et Christian Zimmermann) a mis l’accent sur le cas particulier de Neuf-Brisach, où la classe bilingue doit fermer. « Nos enfants seront envoyés dans trois villages : Volgelsheim, Weckolsheim ou Algolsheim. Et si on n’a pas la possibilité de se déplacer, ils doivent arrêter le bilingue et puis c’est tout », résume Élodie Pfifferling, représentante des parents d’élèves de Neuf-Brisach. Une mesure incompréhensible à « cinq kilomètres de la frontière », juge Éric Straumann, très offensif sur le sujet, tandis que les conseillères régionales Claudine Ganter, Martine Laemlin et Françoise Boog rappelaient les engagements de l’État en termes de bilinguisme dans le cadre de la convention tripartite signée en 2018. « Si on ne part pas du bilinguisme en primaire, comment voulez-vous qu’on ait des Abibac au lycée », demande Claudine Ganter.

Le ministre de l’Éducation a été « personnellement interpellé sur la question » par Éric Straumann. « C’était il y a trois semaines, je n’ai toujours pas de réponse ».


Article des DNA du 5 mai 2019.